Étamer la mémoire. Angèle Guerre
Angèle Guerre, artiste française construit une oeuvre qui entame la surface et s’y inscrit. Pellicules, gravure du papier, effritement, protection qui s’efface… tout à coup apparaît subtilement, délicatement, à peine esquissée, l’arrière des choses… Dessins, miroir étamés, papier découpés, brodés, Angèle Guerre propose des espaces où la trace appelle la mémoire, se fait texture et interpelle. L’arrière des choses fait surface. Derrière devient devant. L’étain devient matériau qui joue avec les encres, les ombres, le blanc du papier gravé ou découpé.
« Du réel, il en reste l’idée. Dans ses dessins, rien n’est vrai. Aucune perspective, aucun horizon n’existe, et pourtant, ils sont composés de paysages vus, observés, vécus. « Ses compositions tourbillonnantes dépeignent une nature insaisissable, composée non de solides arbres, de montagnes ou de lacs mais de milliers de fragments composites, comme les éclats d’un miroir brisé qui reflètent chacun à leur manière leur environnement. On ne s’étonnera guère de retrouver dans le travail d’Angèle Guerre des dessins associés à des miroirs dont la matière même qui sert à refléter le réel a été grattée au scalpel. Dans ces miroirs anciens au mercure, le tain a subi un long processus d’oxydation, de piquetages dus au temps, venant répondre aux minutieux paysages et aux brumes mouchetées qui parfois les enveloppent. » voir site d’Angèle Guerre
« Dans le travail avec le scalpel, c’est un autre mécanisme qui se met en place : celui de reproduire instinctivement des gestes immémoriaux. C’est la peau d’une bête tendue qu’on dépèce, qu’on met en pièce. Tailler, couper dans la masse, piquer, ce sont aussi des gestes de couturière, de relieur ou de boucher : un travail de manutention précis, celui de l’écrivain aussi. »